+41768223669 emmanuelle@egermond.ch

J’ai déjà parlé de cet excellent article dans mon blog et j’ai décidé de vous offrir, ici, une traduction de cet article. Cory Doctorow est un excellent auteur et sa qualité littéraire le rend, à mon sens, est plus intéressant et beaucoup plus difficile à traduire. Comme je ne suis pas professionnel de la traduction, j’espère que vous saurez m’attribuer les lourdeurs et complexité inhérente à un texte pareille. Merci à Cory Doctorow pour son travail de fond. Les liens dans le textes sont en anglais, mais vous trouverez sous forme de note de bas de page certaines des références francophones équivalentes. Si vous en avez d’autre n’hésitez pas à les ajouter ici.

Emmanuelle Germond

Écris par Cory Doctorow, 9 mai 2023, sur le site de Electronic Frontier Foundation. Traduit par Emmanuelle Germond
https://www.eff.org/deeplinks/2023/04/platforms-decay-lets-put-users-first

Version audio de l’article:

La longue dégradation du réseau en “cinq sites web géants, chacun rempli de captures d’écran des quatre autres” n’est pas un mystère. Ce n’était pas non plus une fatalité. Au contraire, nous en sommes arrivés là grâce à une série d’actes conscients de la part de grandes entreprises et de législateurs qui ont plongé les lois antitrust dans un coma de 40 ans. Aujourd’hui, les lois antitrust sortent de leur torpeur et nous avons beaucoup à leur demander.

Alors que les régulateurs et les législateurs réfléchissent à améliorer internet pour les humains, leur priorité absolue devrait être de redonner du pouvoir aux utilisateurs. La promesse d’internet était de réduire les barrières qui se dressaient sur notre chemin : la distance, bien sûr, tout comme celles posées par les grandes multinationales ou les États oppressifs. Mais des entreprises, profitant de ces libertés, ont pris possession de ce nouvel espace, se sont retournées et ont érigé de nouvelles barrières de leur cru. Ainsi des milliards d’entre nous se sont retrouvés piégés sur des plateformes que nous sommes nombreux à ne pas aimer, mais que nous sommes incapables d’abandonner.

Les plateformes suivent un cycle de vie prévisible : tout d’abord, elles offrent une bonne affaire à leurs utilisateurs. Les premiers utilisateurs de Facebook ont eu droit à un flux composé uniquement d’informations et de mises à jour des personnes qui leur tenaient à cœur, ainsi qu’à des promesses de respect de leur vie privée. Les premiers utilisateurs de Google ont obtenu le meilleur des résultats de recherche de Google sur ce qu’ils recherchaient, et non des publicités. Autrefois, Amazon permettait de trouver facilement le produit que l’on cherchait, sans avoir à parcourir cinq écrans de propositions “sponsorisées”.

La bonne affaire pour les utilisateurs n’est que temporaire. Les plateformes utilisent aujourd’hui une combinaison d’outils, notamment en tirant parti du problème d’action collective1, des “clauses favorisant certaines nations”, des accords clandestins pour bloquer les concurrents2 , des lois sur la criminalité informatique et de la gestion de droits d’auteurs numériques3 pour emprisonner leurs utilisateurs. Une fois ces utilisateurs prisonniers, les plateformes dégradent ce qui a poussé ces utilisateurs à les choisir en premier lieu. Empirant ainsi la situation pour ceux-ci afin d’attirer des clients commerciaux. Ainsi, au lieu de vous montrer ce que vous avez demandé, les plateformes vendent votre temps et votre attention à ces mêmes clients commerciaux.

Par exemple, Facebook n’a pas tenu sa promesse de ne pas espionner les utilisateurs et a créé un système de surveillance commercial massif, puis a vendu un ciblage publicitaire fiable et bon marché aux annonceurs. Google n’a pas tenu sa promesse de ne pas contaminer son moteur de recherche avec des publicités et a offert de bonnes affaires aux annonceurs. Amazon a proposé des frais d’expédition et d’échange inférieurs aux coûts du marché aux revendeurs de la plateforme avant de répercuter ces mêmes coûts sur ces mêmes revendeurs. YouTube a offert des sources de revenus fiables et lucratives aux artistes-interprètes et nombre d’entre eux ont réagi en créant leur entreprise sur la plateforme.4

La bonne affaire pour les clients commerciaux n’est pas plus permanente que la bonne affaire pour les utilisateurs ; une fois que les clients commerciaux sont eux aussi dépendants d’une plateforme, la générosité de la plateforme prend fin et elle recommence à extraire de la valeur pour ses actionnaires. Facebook truque son marché publicitaire pour escroquer les éditeurs et les annonceurs5, Apple majore les frais qu’il facture aux fabricants d’applications6, et Amazon lui emboîte le pas, jusqu’à ce que plus de la moitié du prix des produits de tiers que vous achetez sur Amazon soit absorbée par de faux frais ; Google licencie 12 000 travailleurs après un rachat d’actions qui aurait permis de payer l’ensemble de leurs salaires pendant les 27 prochaines années, alors même que la qualité de ses recherches se dégrade et que ses résultats se font dépasser par la fraude. Une plateforme dont la quasi-totalité de la valeur a été retirée aux utilisateurs et aux clients commerciaux vit dans un état d’équilibre fragile, prisonnière d’un cycle de dégradation du service, d’une surveillance réglementaire accrue après des violations de la vie privée, des scandales de modération et d’autres échecs très médiatisés, et d’un cercle vicieux de plus en plus large de scandales et de mauvaise presse. Au final, sa valeur réside uniquement dans son monopole.

Au milieu de cette multitude de scandales technologiques, les législateurs et les régulateurs cherchent des moyens de protéger les utilisateurs d’Internet. Il s’agit là d’une bonne priorité : car les plateformes vont apparaître et disparaître. Elles devraient disparaître, en fait, si elles ne parviennent pas à offrir une réelle valeur à leurs utilisateurs. Elles n’ont pas besoin de notre protection. C’est aux utilisateurs qu’il nous faut penser.

Pour protéger les utilisateurs de la dégradation des plateformes, il faut d’abord leur donner le contrôle : le contrôle de leur vie numérique. Les utilisateurs méritent d’être protégés contre les règles trompeuses et abusives des plateformes, les utilisateurs méritent d’avoir des alternatives aux plateformes qu’ils utilisent actuellement. Enfin, les utilisateurs méritent le droit d’utiliser ces alternatives, sans avoir à payer un lourd tribut dû aux obstacles techniques ou juridiques artificiels lors d’un changement de plateforme.

Deux grands principes pour protéger les utilisateurs de la dégradation des plateformes

Nous sommes au milieu d’un mouvement qui aurait dû être lancé depuis longtemps pour réglementer et légiférer sur les abus de telles plateformes. Chaque plateforme a ses propres caractéristiques techniques, et toute politique visant à protéger les utilisateurs d’une plateforme donnée doit donc faire l’objet d’une analyse finement détaillée pour s’assurer qu’elle fait ce qu’elle est censée faire. Les experts, comme l’EFF7, vivent dans ces détails, mais en fin de compte, même ces détails sont déterminés par des préoccupations d’ordre général.

Nous présentons ci-dessous deux de ces principes généraux qui, selon nous, sont à la fois essentiels à la protection des utilisateurs et, par rapport à de nombreuses autres options, plus faciles à mettre en œuvre.

La manière dont ces principes sont mis en œuvre peut varier : ils peuvent être incorporés directement dans la législation s’ils sont appliqués avec soin, mis en œuvre dans le cadre d’accords spécifiques avec les régulateurs ou suite à des litiges, ou, mieux encore, adoptés volontairement par les plateformes, les technologues ou les développeurs, ou mis en œuvre par les investisseurs ou d’autres types de bailleurs de fonds (à but non lucratif ou gouvernemental, par exemple). Ils doivent être conçus comme un cadre d’évaluation de ces solutions fines, non pas pour juger si elles sont techniquement efficaces, mais plutôt si elles constituent des moyens efficaces de construire un internet d’intérêt public.

Principe 1 : De bout en bout : Connecter les auditeurs réceptifs à des orateurs engagés

Le principe de bout en bout est une idée fondamentale qui se trouve à la base d’internet, l’idée selon laquelle le rôle d’un réseau est de fournir de manière fiable des données d’expéditeurs indépendants à des destinataires consentants. Cette idée a pris de nombreuses formes au cours des décennies qui ont suivi sa formalisation en 1981. Un exemple familier est l’idée de neutralité du réseau, qui stipule que votre FAI8 doit vous envoyer les données que vous demandez aussi rapidement et sûrement qu’il le peut. Par exemple, un FAI neutre mettra tout en œuvre pour vous fournir les vidéos que vous demandez, alors qu’un FAI non neutre concentrera ses efforts à favoriser les vidéos de son propre service de streaming affilié, tout en ralentissant les vidéos distribuées par ses rivaux.

Vous avez signé un contrat avec votre FAI pour obtenir le contenu et les connexions que vous souhaitez, et non ceux que les investisseurs du FAI souhaiteraient que vous demandiez.

Nous pensons qu’une version du principe de bout en bout a également un rôle à jouer dans la “couche service” de l’internet, qu’il s’agisse des médias sociaux, des recherches en ligne, du commerce électronique ou du courrier électronique. Voici quelques exemples :NDT le verbe a été changé de la version anglaise, car la phrase ne fait aucun sens par rapport au reste de l’article.

  • Médias sociaux: Si vous vous abonnez au fil d’actualité d’une personne, vous devriez voir ce qu’elle publie. Les artistes ne devraient pas avoir à deviner et à contourner les règles opaques d’un système de recommandations de contenus pour présenter le fruit de leur travail créatif aux personnes qui ont demandé à le voir. Les systèmes de recommandations ont leur place, mais il devrait toujours y avoir un moyen pour les utilisateurs de médias sociaux de voir les mises à jour publiées par les personnes à qui ils ont choisi de s’abonner, sans avoir à se frayer un chemin à travers les messages des personnes que la plateforme veut (ou est payée pour) promouvoir.
  • Recherche : Si un moteur de recherche a une correspondance exacte pour l’objet de votre recherche – par exemple, une liste de commerçants locaux vérifiés ou un document unique avec le titre exact que vous recherchez, ou un site web dont le nom correspond à votre terme de recherche, ce résultat devrait être en haut de l’écran de résultats – et non pas de multiples annonces pour des entreprises similaires, ou pire, des sites d’escroquerie prétendant être des entreprises similaires et payant pour apparaître au-dessus de la meilleure correspondance.
  • Commerce en ligne : Si une plateforme de commerce en ligne a une correspondance exacte avec le produit que vous avez recherché – soit par nom, soit par numéro de pièce ou de modèle – ce résultat doit être le premier résultat de votre recherche, avant les produits équivalents de la plateforme ou les résultats “sponsorisés” pour des produits similaires.
  • Courrier électronique: Si vous marquez un expéditeur comme étant digne de confiance, son courrier électronique ne devrait jamais aller dans un dossier spam (il est toutefois possible d’ajouter des avertissements concernant des pièces jointes ou des liens malveillants, présents dans les messages et signalés par les scanners). Et il devrait être facile de marquer un expéditeur comme fiable. Par exemple, les expéditeurs figurant dans votre carnet d’adresses devraient être automatiquement considérés comme fiables.

Principe 2 : Droit de sortie : Traiter les mauvaises plateformes comme défectueuses et les contourner

De nombreuses personnes n’aiment pas les grandes plateformes mais estiment qu’elles ne peuvent pas les quitter. Les utilisateurs de médias sociaux sont bloqués grâce au “problème de l’action collective” qui consiste à convaincre tous leurs amis de partir et à se mettre d’accord sur l’endroit où aller. Les artistes et les créateurs sont bloqués parce que leur public ne peut pas les suivre sur de nouvelles plateformes sans perdre les contenus pour lesquels ils ont payé (et le public ne peut pas partir parce que les créateurs qu’il apprécie sont bloqués sur les plateformes).

Faciliter le départ des utilisateurs de plateformes a deux effets importants : il contraint les propriétaires de plateformes qui seraient tentés de transférer la valeur ajoutée pour les utilisateurs vers eux-mêmes, parce qu’ils savent qu’en détériorant leurs plateformes, par exemple en autorisant le harcèlement et les escroqueries, ou en renforçant la surveillance, en augmentant les prix ou en acceptant la publicité invasive, ils précipiteront un exode massif des utilisateurs qui peuvent partir sans payer de lourds tributs.

Tout aussi important : si les plateformes sont contraintes par cette menace9, les utilisateurs peuvent partir, en considérant la mauvaise plateforme comme défectueuse et en la contournant. C’est la partie du marché libre que ces entreprises essaient toujours d’oublier : les consommateurs sont censés pouvoir “voter avec leurs pieds”.10 Mais si vous perdez le contact avec vos amis et votre famille quand vous quittez un mauvais service, vous ne pouvez pas vraiment choisir une meilleure option.

De plus, un monde où il est facile de changer de plateforme est un monde où les bricoleurs, les coopératives et les startups ont une raison de construire des alternatives auxquelles les utilisateurs peuvent accéder.

  • Médias sociaux : Les plateformes de médias sociaux “interopérables” se connectent les unes aux autres, ce qui permet aux utilisateurs d’échanger des messages et de participer à des communautés à partir de serveurs “fédérés” qui ont chacun leur propre gestion, leur propre modèle commercial et leurs propres politiques. Les services basés sur le protocole ouvert ActivityPub (comme Mastodon11 sont conçus pour faciliter le changement : les utilisateurs n’ont qu’à exporter leur liste d’abonnés et les comptes qu’ils suivent et à les mettre sur un autre serveur, et toutes ces connexions sociales sont rétablies en quelques clics (Bluesky, un nouveau service qui se targue de ses capacités de fédération mais qui est jusqu’à présent limité à un seul serveur, a une fonction similaire). Cette facilité de changement rend les utilisateurs moins dépendants des opérateurs de serveurs. Si l’opérateur de votre serveur favorise une communauté hostile ou débranche simplement son serveur, vous pouvez facilement vous rétablir sur n’importe quel autre serveur sans sacrifier vos relations sociales. Les lois existantes sur la protection des données, telles que la CCPA et le GDPR12, exigent déjà que les fournisseurs de services en ligne transmettent vos données sur demande ; ces données devraient inclure les fichiers nécessaires pour passer d’un serveur à l’autre. Les régulateurs qui cherchent à améliorer les pratiques de modération des grandes plateformes de médias sociaux devraient également garantir le droit de sortie des utilisateurs de ces plateformes. Bien sûr, améliorons les grandes plateformes, mais faisons surtout en sorte qu’il soit plus facile d’en sortir.
  • Médias verrouillés par DRM : La plupart des médias vendus par les magasins en ligne sont encombrés par des technologies “Digital Rights Management” qui empêchent les personnes qui les achètent de les lire à l’aide d’outils non autorisés. Le public est ainsi emprisonné par les plateformes, car la rupture avec la plateforme implique de perdre les contenus achetés. Les artistes-interprètes et les créateurs sont également prisonniers de ces plateformes, incapables de passer à des rivaux qui les traitent mieux et les rémunèrent davantage, parce que leur public ne peut pas les suivre sans renoncer à leurs achats antérieurs. Appliqué aux médias, le “droit de sortie” exigerait des plateformes qu’elles facilitent la communication entre les acheteurs et les créateurs de médias. Un créateur qui est passé à une plateforme concurrente pourrait utiliser cette fonctionnalité pour fournir à tous les acheteurs de ses œuvres des codes de téléchargement pour la nouvelle plateforme, qui seraient transmis par l’ancienne plateforme aux clients du créateur. De même, les clients qui ont changé de magasin pourraient envoyer des messages via la plateforme aux créateurs pour leur demander des codes de téléchargement pour le nouveau service.

Que nous apportent ces deux principes ?

Une gestion raisonnable

Pendant des décennies, les échecs de la réglementation des technologies ont été imputés à sa vitesse et à la lenteur de la réglementation – on nous dit que les régulateurs ne peuvent tout simplement pas suivre le rythme des technologies.

Mais la réglementation des technologies ne doit pas nécessairement être lente. Certaines réglementations technologiques proposées, comme les règles exigeant des plateformes qu’elles fournissent des explications complètes sur les décisions de modération de contenu et de suspension de compte, ou qu’elles préviennent l’intimidation et le harcèlement, seront toujours lentes, parce qu’elles sont “axées sur les actes”.

Une règle exigeant une action contre le harcèlement nécessite : une définition du harcèlement, une évaluation pour déterminer si une action donnée constitue un harcèlement, et une évaluation pour déterminer si l’action entreprise était suffisante au regard de la règle. C’est le genre de choses sur lesquelles les personnes de bonne foi peuvent débattre pendant des années, et sur lesquelles les personnes de mauvaise foi peuvent débattre à l’infini.

En outre, même une fois que les définitions de ces éléments auront fait l’objet d’un accord, il faudra beaucoup de temps pour en voir les effets dans la pratique et évaluer s’ils fonctionnent comme prévu.

En revanche, les notions de “bout en bout” et de “droit de sortie” sont faciles à gérer, car elles permettent de savoir instantanément si les principes sont respectés. Si nous disons aux plateformes de médias sociaux qu’elles doivent livrer les messages à vos abonnés, nous pouvons savoir si c’est le cas en faisant des tests et en vérifiant si les messages sont transmis. Il en va de même pour une règle imposant aux outils de recherche et aux sites de commerce électronique de donner la priorité aux correspondances exactes : il suffit d’effectuer une recherche et de voir si la correspondance exacte se trouve en haut de l’écran.

C’est également le cas pour le droit de sortie : si un utilisateur de Mastodon affirme qu’il n’a pas reçu les données nécessaires pour son transfert sur un autre serveur, la question peut être facilement réglée si le propriétaire de l’ancien serveur lui remet ces données.

Il existe de nombreuses priorités politiques importantes qui sont basées sur des faits et difficiles à gérer. Plus nos autres politiques seront faciles à administrer, plus nous aurons la possibilité de nous pencher sur ces problèmes urgents et épineux.

Éviter la création de gouffres entre les investissements

Les règles coûteuses à respecter peuvent être un cadeau pour les grandes entreprises. Si nous rendons les filtres de droits d’auteur obligatoires pour les services en ligne, nous disons en fait que personne ne peut créer un service en ligne à moins de disposer de 100 millions de dollars pour mettre en place ce filtre. Ou bien nous disons que les startups doivent payer des loyers à des entreprises pour utiliser leur technologie de filtrage. Si nous établissons des règles qui supposent que chaque service en ligne est une entreprise de la Big Tech, nous rendons impossible le démantèlement de cette même Big Tech.

Les politiques de bout en bout et de droit de sortie sont peu coûteuses, suffisamment peu coûteuses pour s’appliquer aux petites entreprises, aux amateurs individuels, ainsi qu’aux très grandes entreprises actuellement en place.

Des services comme Mastodon sont déjà de bout en bout : pour se conformer à une règle de bout en bout, il suffirait que les opérateurs de serveurs Mastodon ne suppriment pas la fonction de bout en bout existante ; au contraire, tout système de recommandation/classement pour Mastodon devrait se rajouter au système actuel. Pour les grands services comme Instagram, Facebook et Twitter, le bout à bout signifierait la restauration de la forme la plus simple de flux : un flux composé uniquement des comptes que vous avez activement choisi de suivre.

Il en va de même pour le droit de sortie : ce droit est déjà pris en charge par les systèmes fédérés modernes, aucun travail n’est nécessaire pour les personnes exploitant ces serveurs. ; leur seule charge consisterait plutôt à répondre en temps utile aux demandes des utilisateurs concernant leurs données. Ces demandes sont traitées automatiquement, mais peuvent nécessiter un travail manuel si l’opérateur décide d’exclure un utilisateur du service ou de fermer le service.

Pour les opérateurs historiques de Big Tech, l’ajout d’un droit de sortie signifie la mise en œuvre d’une norme ouverte qui dispose déjà de bibliothèques de référence et de mises en œuvre.

Un internet d’intérêt public

Nous voulons un web où les utilisateurs ont le contrôle. Cela signifie un web où nous choisissons librement nos services en ligne au sein d’une large selection et où nous restons avec eux parce que nous les aimons, et non pas parce que nous ne pouvons pas nous permettre de les quitter. Nous voulons un web où l’on obtient ce que l’on demande, et non ce que les actionnaires des entreprises souhaiteraient que l’on demande. Nous voulons un web où les auditeurs et les orateurs, les vendeurs et les acheteurs, les créateurs et les spectateurs puissent, de leur propre volonté, tous effectuer des transactions et communiquer sans craindre que leurs relations ne soient prises en otage ou perturbées pour leur imposer des “contenus sponsorisés” devant leurs yeux.

La dégradation des plateformes est le résultat d’entreprises qui ne sont contraintes ni par la concurrence, ni par la réglementation et donc libres d’abuser de leurs utilisateurs et de leurs clients commerciaux sans crainte de perte ou de sanction. L’élaboration de politiques visant à donner aux utilisateurs des plateformes une chance équitable et la possibilité de partir nécessitera une grande attention aux détails, mais tous ces détails doivent être guidés par des principes, des points cardinaux qui nous aident à rester sur la voie d’un meilleur internet.


Note de bas de pages

  1. Les effets de réseaux par exemple https://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_de_r%C3%A9seau []
  2. article en français https://www.abondance.com/20220113-46902-google-paie-t-il-apple-pour-ne-pas-developper-son-propre-moteur-de-recherche.html []
  3. En français https://fr.wikipedia.org/wiki/Gestion_des_droits_num%C3%A9riques []
  4. Monopole de GAFAM https://www.lafinancepourtous.com/decryptages/finance-et-societe/nouvelles-economies/gafa-gafam-ou-natu-les-nouveaux-maitres-du-monde/ []
  5. En français https://www.numerama.com/business/750259-jedi-blue-quel-est-cet-accord-secret-que-google-et-facebook-sont-accuses-davoir-passe.html []
  6. En français, l’exemple des pays-bas, il y en a d’autres dans l’article anglais https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/app-store-apple-perd-une-bataille-aux-pays-bas-1379502 []
  7. Electronic Frontier Foundation https://eff.org []
  8. FAI: Fournisseur d’Accès à Internet []
  9. NDT le verbe a été changé de la version anglaise, car la phrase ne fait aucun sens par rapport au reste de l’article. []
  10. En français https://fr.wikipedia.org/wiki/Voter avec ses pieds []
  11. En français https://fr.wikipedia.org/wiki/Mastodon_(r%C3%A9seau_social) []
  12. En français on parle du RGPD Règlement général sur la protection des données []